Hervé Plumet
Qu’avez-vous photographié en premier ?
J'ai shooté devant moi; une petite sculpture sur la table. J'ai été surpris et déçu. Le pola était sépia et peu contrasté. J'ai éclairci, puis foncé, puis développé au soleil, dans le noir, au frigo, dans ma poche, avec un filtre neutre devant la cellule.. J'ai utilisé plusieurs boites du film PX 100. Et puis j'ai reconsidéré la première image et je me suis dit que c'était sans doute la meilleure. Agaçant.
Florian nous disait qu'il fallait jouer avec ce film. Mais c'était plutôt le film qui jouait avec moi. Et puis j'ai commencé à comprendre qu'il fallait ne pas chercher à tout maîtriser. Ne pas être en lutte mais s'amuser.
Comment votre travail, idée a évolué ?
Pour moi "film instantané" se dit Pola. J'ai l'habitude d'utiliser du Fuji FP100 et j'ai toujours demandé au vendeur - donnez moi 10 boites de "Pola" FP 100. Je sais c'est mal. A partir de ce nom j'ai imaginé une série de photo avec un personnage portant ce nom sur son t-shirt. J'ai d'abord fait des essais avec une comédienne mais cela ne fonctionnait pas. J'ai donc utilisé une petite poupée que j'ai installée devant des minis-décors. Le propos devenait alors plus étrange et aussi, je l'espère, un peu plus poétique. Voilà.
Etes-vous satisfait du résultat ?
Ici ce n'est pas le résultat qui doit compter mais plutôt la démarche. Ce qui m'a tout de suite frappé c'est que les quelques minutes nécessaires au développement du film dit "instantané" sont devenues, aujourd'hui, en regard de nos pratiques numériques, une éternité. Notre impatience est là pour en témoigner. Dans la pratique de la photographie, professionnelle ou amateur, le temps a disparu. Ce temps qui existe entre le moment où l'on appuie sur le déclencheur et le moment où l'on re-découvre ce que l'on a shooté. Puis ce temps de la sélection et du tirage où l'on pense a ce que l'on est en train d'accomplir, ce temps si précieux à la réflexion, à la maturation, ce temps qui disqualifie automatiquement les artisans au profit des gens pressés. Ce putain de temps qui nous manque tant, j'avais l'impression de le retrouver un peu. Dans cette attente il y a de l'espoir et dans le résultat parfois de bonnes surprises. Laissons faire un peu le hasard, peut être un peu de vie viendra s'immiscer dans ces nouvelles images.
Et maintenant ?
J'aimerai suivre l'évolution de ces films car à chaque fois que nous avons de nouveaux outils il en sort toujours de nouvelles choses.
J'aime la contrainte car elle me nourrit et ici j'ai été servi. Merci Florian.
Hervé Plumet
Qu’avez-vous photographié en premier ?
J'ai shooté devant moi; une petite sculpture sur la table. J'ai été surpris et déçu. Le pola était sépia et peu contrasté. J'ai éclairci, puis foncé, puis développé au soleil, dans le noir, au frigo, dans ma poche, avec un filtre neutre devant la cellule.. J'ai utilisé plusieurs boites du film PX 100. Et puis j'ai reconsidéré la première image et je me suis dit que c'était sans doute la meilleure. Agaçant.
Florian nous disait qu'il fallait jouer avec ce film. Mais c'était plutôt le film qui jouait avec moi. Et puis j'ai commencé à comprendre qu'il fallait ne pas chercher à tout maîtriser. Ne pas être en lutte mais s'amuser.
Comment votre travail, idée a évolué ?
Pour moi "film instantané" se dit Pola. J'ai l'habitude d'utiliser du Fuji FP100 et j'ai toujours demandé au vendeur - donnez moi 10 boites de "Pola" FP 100. Je sais c'est mal. A partir de ce nom j'ai imaginé une série de photo avec un personnage portant ce nom sur son t-shirt. J'ai d'abord fait des essais avec une comédienne mais cela ne fonctionnait pas. J'ai donc utilisé une petite poupée que j'ai installée devant des minis-décors. Le propos devenait alors plus étrange et aussi, je l'espère, un peu plus poétique. Voilà.
Etes-vous satisfait du résultat ?
Ici ce n'est pas le résultat qui doit compter mais plutôt la démarche. Ce qui m'a tout de suite frappé c'est que les quelques minutes nécessaires au développement du film dit "instantané" sont devenues, aujourd'hui, en regard de nos pratiques numériques, une éternité. Notre impatience est là pour en témoigner. Dans la pratique de la photographie, professionnelle ou amateur, le temps a disparu. Ce temps qui existe entre le moment où l'on appuie sur le déclencheur et le moment où l'on re-découvre ce que l'on a shooté. Puis ce temps de la sélection et du tirage où l'on pense a ce que l'on est en train d'accomplir, ce temps si précieux à la réflexion, à la maturation, ce temps qui disqualifie automatiquement les artisans au profit des gens pressés. Ce putain de temps qui nous manque tant, j'avais l'impression de le retrouver un peu. Dans cette attente il y a de l'espoir et dans le résultat parfois de bonnes surprises. Laissons faire un peu le hasard, peut être un peu de vie viendra s'immiscer dans ces nouvelles images.
Et maintenant ?
J'aimerai suivre l'évolution de ces films car à chaque fois que nous avons de nouveaux outils il en sort toujours de nouvelles choses.
J'aime la contrainte car elle me nourrit et ici j'ai été servi. Merci Florian.
Le travail d'Hervé Plumet est fait d'un jeu minutieux entre ombre et lumière pour faire émerger le message graphique : ce qui est donné à voir.
Hervé Plumet fut un des directeurs artistiques les plus titrés et admirés de sa génération dans l'univers publicitaire.
Désireux de travailler autrement les images et les messages, Hervé est devenu un photographe et un réalisateur remarqué pour dorénavant réaliser les images que hier il dirigeait. Hervé tire son inspiration d'un caractère fait d'humour, de mélancolie et d'influences non reniées, telle celle de Saul Leiter. Le travail d'Hervé Plumet est fait d'un jeu minutieux entre ombre et lumière pour faire émerger le message graphique : ce qui est donné à voir.
Chez Hervé, la lumière est avant tout le moyen de donner naissance à une atmosphère mélancolique pour transmettre de vives émotions. Il aime fixer en une seule photo, une scène isolée puis laisser au spectateur la liberté d'imaginer une intrigue.
Son expérience auprès des plus grandes sociétés lui permet de travailler avec une remarquable continuité la transmission des messages et des émotions. Artiste moderne, Hervé Plumet participe régulièrement à des expositions (le MAC VAL en 2006) et a bénéficié de nombreuses éditions.